Tuesday, June 30, 2009
Le spectre de la rose
Soulève ta paupière close
Qu’effleure un songe virginal ;
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir.
Ô toi qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser
Toute la nuit mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe, ni De Profundis ;
Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du paradis.
Mon destin fut digne d’envie :
Pour avoir un trépas si beau,
Plus d’un aurait donné sa vie,
Car j’ai ta gorge pour tombeau,
Et sur l’albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Ecrivit : Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser
Qu’effleure un songe virginal ;
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir.
Ô toi qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser
Toute la nuit mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe, ni De Profundis ;
Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du paradis.
Mon destin fut digne d’envie :
Pour avoir un trépas si beau,
Plus d’un aurait donné sa vie,
Car j’ai ta gorge pour tombeau,
Et sur l’albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Ecrivit : Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser
Théophile Gautier.
Wednesday, June 24, 2009
Dans la peau de Théophile Gautier
Je pensais m'endormir tot, hier soir, lorsque j'ai commencé à lire "Mademoiselle de Maupin" de Théophile Gautier, un livre qui je pense arrive fort à propos dans mon développement littéraire! Ces lignes, je les ai au moins une fois pensées. Quel effet, celui de se lire sans jamais avoir écrit!... Voici les deux premiers paragraphes du roman:
"Tu te plains, mon cher ami, de la rareté de mes lettres. — Que veux-tu que je t’écrive, sinon que je me porte bien et que j’ai toujours la même affection pour toi ? — Ce sont choses que tu sais parfaitement, et qui sont si naturelles à l’âge que j’ai et avec les belles qualités qu’on te voit, qu’il y a presque du ridicule à faire parcourir cent lieues à une misérable feuille de papier pour ne rien dire de plus. — J’ai beau chercher, je n’ai rien qui vaille la peine d’être rapporté ; — ma vie est la plus unie du monde, et rien n’en vient couper la monotonie. Aujourd’hui amène demain comme hier avait amené aujourd’hui ; et, sans avoir la fatuité d’être prophète, je puis prédire hardiment le matin ce qui m’arrivera le soir.
Voici la disposition de ma journée : — je me lève, cela va sans dire, et c’est le commencement de toute journée ; je déjeune, je fais des armes, je sors, je rentre, je dîne, fais quelques visites ou m’occupe de quelque lecture : puis je me couche précisément comme j’avais fait la veille ; je m’endors, et mon imagination, n’étant pas excitée par des objets nouveaux, ne me fournit que des songes usés et rebattus, aussi monotones que ma vie réelle : cela n’est pas fort récréatif, comme tu vois. Cependant je m’accommode mieux de cette existence que je n’aurais fait il y a six mois. — Je m’ennuie, il est vrai, mais d’une manière tranquille et résignée, qui ne manque pas d’une certaine douceur que je comparerais assez volontiers à ces jours d’automne pâles et tièdes auxquels on trouve un charme secret après les ardeurs excessives de l’été."
"Tu te plains, mon cher ami, de la rareté de mes lettres. — Que veux-tu que je t’écrive, sinon que je me porte bien et que j’ai toujours la même affection pour toi ? — Ce sont choses que tu sais parfaitement, et qui sont si naturelles à l’âge que j’ai et avec les belles qualités qu’on te voit, qu’il y a presque du ridicule à faire parcourir cent lieues à une misérable feuille de papier pour ne rien dire de plus. — J’ai beau chercher, je n’ai rien qui vaille la peine d’être rapporté ; — ma vie est la plus unie du monde, et rien n’en vient couper la monotonie. Aujourd’hui amène demain comme hier avait amené aujourd’hui ; et, sans avoir la fatuité d’être prophète, je puis prédire hardiment le matin ce qui m’arrivera le soir.
Voici la disposition de ma journée : — je me lève, cela va sans dire, et c’est le commencement de toute journée ; je déjeune, je fais des armes, je sors, je rentre, je dîne, fais quelques visites ou m’occupe de quelque lecture : puis je me couche précisément comme j’avais fait la veille ; je m’endors, et mon imagination, n’étant pas excitée par des objets nouveaux, ne me fournit que des songes usés et rebattus, aussi monotones que ma vie réelle : cela n’est pas fort récréatif, comme tu vois. Cependant je m’accommode mieux de cette existence que je n’aurais fait il y a six mois. — Je m’ennuie, il est vrai, mais d’une manière tranquille et résignée, qui ne manque pas d’une certaine douceur que je comparerais assez volontiers à ces jours d’automne pâles et tièdes auxquels on trouve un charme secret après les ardeurs excessives de l’été."
Saturday, June 20, 2009
Le coup hongrois
Un voyage en Hongrie dépayse et enchante. On roule sur des routes droites à perte de vue entre les vallons au sud du Balaton et la Puszta vers Pécs, avec vue sur les Balkans au loin. Nouveau repères, langue à part qu'il est important de balbutier lorsqu'on quitte les sentiers battus touristiques. Des moments inoubliables...
Wednesday, June 17, 2009
La nonne badine...
La nonne badine
_
Sur le quai du Canal
Klaxon
Badine la nonne
Elégante résonnent
Ses pas ses sabots sa joie
Sa foi ma fois
Qui laisse les gens coi !
Sur le quai de Seine
Dans le sixième
Se dandine la nonne
Sur les pavés chantonne
Un air joyeux
Du vin
Qui sourit dans la ville aux passants !
Sur le quai au soleil elle va
Velouté sous les toits
Dit tout bas
Les récits l’évangile les cris
Du boucher accouchent de l’enfant-roi
Dans Paris
Le zénith oriente ses pas !
Frémissent les ateliers
Des bouquinistes
A son passage l’Histoire
Devient fable
La foule affable s’égare
Etonnée
Nonne badine par Riboud a parlé !
_
Sur le quai du Canal
Klaxon
Badine la nonne
Elégante résonnent
Ses pas ses sabots sa joie
Sa foi ma fois
Qui laisse les gens coi !
Sur le quai de Seine
Dans le sixième
Se dandine la nonne
Sur les pavés chantonne
Un air joyeux
Du vin
Qui sourit dans la ville aux passants !
Sur le quai au soleil elle va
Velouté sous les toits
Dit tout bas
Les récits l’évangile les cris
Du boucher accouchent de l’enfant-roi
Dans Paris
Le zénith oriente ses pas !
Frémissent les ateliers
Des bouquinistes
A son passage l’Histoire
Devient fable
La foule affable s’égare
Etonnée
Nonne badine par Riboud a parlé !
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