Arrivée à Paris ! Pourquoi faut-il toujours que tout soit mieux ailleurs ?
Cela commençait pourtant bien. J'étais remonté à bloc après avoir lu de Pierre Bergé le livre Liberté, j'écris ton nom dans sa quasi-totalité. Les bagages arrivent rapidement, à peine 5 minutes après l'atterissage, ce qui relève de l'exploit pour l'aéroport CDG. Les toilettes sentent la Provence. Mieux: un champ de lavande a été reproduit sur la porte et le mur des toilettes. De quoi donner envie à tous ces voyageurs ! Ca tombe bien: le lieu s'y prête tout à fait.
Puis on se dirige vers le RER B et là, une fois de plus, l'achat du ticket (8,90€) se déroule sans heurt. Prochain train? Dans cinq minutes. Direction: all trains go to Paris. Plutôt pas mal et sexy pour tous les touristes qui viennent dans cette amazing city qu'est Paris. Seulement voilà... pour se rendre sur le quai, avec un bagage qui très souvent dépasse les 20kg, on s'attend à avoir un amazing moyen de descendre sur le quai. Après avoir inséré le ticket dans la machine avec la troisième main (celle qui ne tient ni la valise, ni le bagage de cabine) puis passé la barrière exiguë, voici ce qui s'offre au touriste et vient en deux temps ternir l'image de la capitale française et de toute la France (nous sommes dans le pamphlet, il ne faut pas se priver d'en rajouter):
- en face, le touriste aura la possibilité de prendre un escalator à contresens, après avoir donné sur la droite une petite pièce au clochard.
- en U-turn, le touriste pourra utiliser l'ecalier, une bonne façon de faire un geste pour l'environnement et limiter le bilan carbone du voyage.
- en U-turn serré, et après observation prolongée des possibilités qui s'offrent à lui, le touriste pourra prendre l'ascenseur au bout d'une allée douteuse.
Quelle idée de ne pas daigner faire comme les autres !... J'opte pour la troisième solution. What a pee-ty !
La porte de l'ascenseur s'ouvre sur une odeur de pipi nauséabonde ! Le rêve français se réalise enfin - sic. Et je descends en escalier.
Début d'un cercle vicieux.
Le train est direct jusqu'à Paris Nord. Hourra !... On entre dans un train qui a tout ce qu'on peut imaginer de plus glauque: couleurs criardes, marques d'usure et de vandalisme partout, sièges lacérés, éclairage lamentable. Pas mal pour le pays qui fait la pub de ses trains dans le monde entier.... le fleuron de l'industrie française. On est déçu, on s'attendait à mieux. La configuration du train n'est pas faite pour accepter les bagages. Pourquoi est-elle faite? On peut se le demander. L'éclairage rend impossible la lecture, qui pourrait éviter bien d'autres agressions visuelles et temporelles. Je m'explique.
A peine partis à bord de ce RER B au nom incompréhensible à 4 lettres (système sûrement mis au point par un de nos ingénieux polytechniciens) on se retrouve à traverser ce que les hommes politiques français ont su faire de mieux depuis 1950, à savoir le plan d'urbanisme de la région parisienne. Des villages aux allures austères, des tags et des dommages présents sur chaque élément de l'infrastructure publique, des déchets ci-et-là cachés dans les mauvaises herbes. Se mêlent à cela les arrêts incessants sur la voie de notre train qui depuis le départ ressemble plus au tortillard qu'au fameux TGV, fleuron de l'indus...... Temps de parcours: 40 minutes pour rejoindre la gare du Nord alors que la distance pourrait être parcourue facilement en moins de 20 minutes. Indignez-vous ! Disent-ils. Je m'indigne. Je ne me satisfais pas de prestations lamentables.
L'arrivée gare du Nord est peut-être le vrai atterrissage ? Le touriste encore allègre à l'idée de découvrir Paris, city of love etc, se retrouve dans un lieu qui ressemble plus à un trottoir après un bombardement qu'à une station romantique où flirtent tourtereaux et associés. Eclairage fonctionnant à moitié, recoins sombres, travaux sur la plupart des escalators, signalisation obsolète et obscure, policiers et autres militaires en mitraillettes. Welcome to Paris ! Le message de l'office du tourisme est bien passé, merci.
Puis on quitte cette jungle assommante, on en veut à tous ces gens qui nous dirigent et qui ont fait du Paris de l'époque et de sa banlieue un chaos, un tohu-bohu, un mélange explosif, qui a d'ailleurs explosé à plusieurs reprises. J'ai envie de dire: comme je les comprends ces jeunes parqués dans les banlieues qui n'ont accès à aucun cinéma, auncun musée, aucun lieu convivial à moins d'une demi-heure de RER de chez eux et ne trouvent rien de mieux à faire que de se rebeller contre le bien public ! Comme j'ai envie de dénoncer la suffisance de tous ces maires et députés de banlieue qui ont été incapables de rectifier le tir pendant toutes ces années. Comme j'ai envie de rendre publique l'antipathie que je ressens envers ces nantis qui préfèrent envoyer des flics plutôt que des instits dans des zones dévastées par un demi-siècle de mépris de l'Etat. Ils nous ont mis dans un sacré embarras... alors voilà, c'en est trop. Envoyons-les se dorer la pilule à un endroit où ils ne nous gêneront plus, et reprenons les rênes de ce qui nous appartient, nous est cher, et a été trop longtemps baffoué par un cercle de politiques corrompus, à savoir la liberté, l'égalité, la fraternité !