Wednesday, December 29, 2010

Think pink (panther)

Sur les traces de la panthère rose... Mon imagination s'embrase, incendie de forêt impromptu. Je la guette assis sur mon tabouret de bar, épiant le passage régulier à la caisse de personnes nonchalantes. Il pleuvait rue des Ecoles ce soir à Paris. Pleut-il encore ? Le rouge amoureux des fauteuils de la salle a séché les larmes et bien vite je m'oublie. Palpitations. Nous sommes en 1963. Blake Edwards se cache au fond du cinéma, pétri par l'angoisse du bide. Et si ça ne plaisait pas au public ? Pensait-il à cela lors de la première projection ? Qu'adviendrait-il de lui, de son comique de scène hilarant, de ses angles et prises, de ses histoires alambiquées ? Si le trac s'est effacé, la bobine, elle, est bien là. Let the show begin. La pink panther éteint les lumières, seules les lumières de Paris restent jaunes. Le long du quai près de l'île Saint-Louis, les réverbères sont des lucioles romantiques brûlant par amour de la nuit. Ils s'éteignent à l'aube exténués. Sur les pavés, on devine leur halo alcoolisé battre au rythme de la bruine. Les gouttes s'épanchent le long de leur structure, laissant un sentiment veineux. Les ponts sont des animaux nocturnes. Tandis que la Seine sans cesse en leur pied les chatouille, ils restent cambrés impassibles, craquellent en silence et bêtes sombres dans la nuit claire ils fascinent. 
Sensation de déjà-vu ? A l'approche de Saint-Paul ce portail. Je sais qu'une cour admirable s'y dessine au-delà. Je sais qu'une terrasse romaine, un vase, un patio avec des chaises de jardin s'y cachent aussi. Je connais ces rues, je crois savoir qu'elles recèlent de trésors architecturaux, d'une ambiance chaude et reposante. 1963... tout semble être resté intact. Et pendant ce temps, à Cortina d'Ampezzo....

Wednesday, December 22, 2010

Quelle aventure !

La nuit commence à tomber sur Paris... 17h30... je descends la rue du Sentier puis bifurque direction rue Montmartre. Je traverse, passe devant un traiteur chinois et me retrouve rapidement place de la Bourse, au pied de l'AMF. Non, je ne m'arrête pas ici mais continue à l'insu de tous par la rue Saint-Augustin.Je suis la rue jusqu'au bout, pris de vitesse je ne me souviens d'aucune vitrine. Arrive alors un boulevard dégagé comme on les aime à Paris. A gauche, dans une brume hivernale, la toiture du musée du Louvre. A droite, les muses de l'Opéra scintillent en choeur. Je traverse bouleversé versé sur la chaussée et infiltre de nouvelles petites rues avec un foisonnement de petits commerçants. Un boulanger indien me sourit au passage. Pas le temps. Je tourne à gauche pour rejoindre une place que je traverse comme un incendie de pipeline russe. Je me retrouve dans une rue étroite au nom à rallonge. Où vais-je maintenant? Carrefour. Pour m'orienter, je regarde le nom de la rue perpendiculaire: "Saint-Honoré". Ca y est, je suis arrivé !
Puis la promenade reprend en mode calme. En deux temps nous rejoignons la rue de Rivoli. Une escapade aux Tuileries ? Non: le parc est fermé à 19h. Nous longeons alors jusqu'au Louvre, passons devant la pyramide. La brume s'est densifiée. La roue place de la Concorde est une auréole d'ange de l'Avent. Le Louvre est fantomesque, la pyramide une gare pour égarés hagards. Nous pénétrons le Manoir, en traversons la cour, en sortons épistolaires stellaires. Le Paris lancinant, la rue de Rivoli est une dentelle de ravioli: on la retrouve à chaque tournant. Les boutiques s'enchaînent en chaîne, les passants passent et repassent. Toujours les mêmes, deux pieds, deux jambes et des visages, tantôt raidis tantôt radieux. Mais ces visages... on les découpe d'un oeil Picasso, on les met à rude épreuve. Hôtel de ville, BHV... le toit étiolé est étoilé ! A son pied le flot métallique en verve, l'activité volcanique amoureuse et sauvage. Sans peine et sans hâte on arrive déguisé à Saint-Paul, plumes de canard sur le torse et champagne sur le dos. L'aventure parisienne peut alors commencer.

Monday, December 20, 2010

Paris Hanoï

Ce pourrait être le titre d'un film, d'un documentaire, ou une nouvelle idée de la SNCF pour relier les deux villes. Non. Paris Hanoï est un restaurant. Un restaurant vietnamien rue de Charonne à Paris. Une salle toute petite pour des appétits de yéti. Des tables rapprochées pour une convivialité assurée. Au Paris Hanoï, tout le monde vient à se parler, promiscuité oblige. Les nems sont excellents, accompagnés de feuilles de salade et de menthe fraîche. Intermezzo. On goûte le thé au jasmin. Il réchauffe la trachée encore engourdie par le froid de l'hiver neigeux parisien. Arrive alors comme une barque sur le Mékong le Bo Bun Nem dans un grand bol. C'est agréable, ce léger goût d'arachide dans le palais. La précision des baguettes apporte en bouche les légumes, les bouts de cacahuètes, les nems déjà coupés en trois pièces et les morceaux de boeuf sautés. De temps en temps, la flamme de la cuisinière, dans la même salle, vient illuminer le visage de votre acolyte. On vit la cuisine vietnamienne. Elle brûle les joues, enflamme nos esprits rassasiés, et pourquoi pas lassés ?! Il faut donc aller plus loin dans la nuit, braver le froid à la recherche d'une piste de danse. On quitte Hanoï back to Paris, direction la Bastille. Le quartier mijote depuis le début de soirée, il est temps de servir. A table !... Tout d'abord au Truc muche, où les radars sont brouillés, le mojito mentholé comme on l'aime. A droite, un type avec un pull de Père Noël - rouge - partage son temps entre opération matage et boisson. Au fond à gauche, deux jumelles et une mannequin douce élevée au kir royal discutent avec un mec à doudoune rouge en duvet de canard. Un autre paresseux au bar porte un béret et téléphone. Les suricates sont là. Plus tard, c'est aux Disquaires qu'ils danseront entre des pulls de Noël et des petits hauts ajustés asiatiques et créoles. Paris Hanoï Paris en une soirée, le cerveau sélectionne et la neige tombe. L'esprit divague, agglomère et digère. Il en ressort une histoire invraisemblable. Et si c'était vrai ?...

Monday, December 13, 2010

Ein Cafehaus á la Parisienne....

Je me balade... rue Faidherbe, par cette après-midi aux allures de prémisses du Printemps. La rue Jean Macé débouche furtivement sur la droite, avant la construction à l'architecture de forteresse en briques de l'Armée du Salut. Ouverture. Un petit coin de Paris comme on ose encore l'imaginer. Pas un bruit, un bâtiment en coin posté en face de moi, avec ses peut-être huit étages haussmanniens. A son pied, un café. Le Pure Café. Une façade en vieux bois rouge carmin. J'entre. Le sol est une jolie mosaïque de couleurs, le zinc trône au milieu d'une grande pièce aux plafonds d'époque. De longs plafonniers charmants donnent un côté ancien au lieu, ainsi que de vieux radiateurs à eau à la peinture verte défraîchie. Ca y est, on revient dans le Paris des années 40 décrit par la plume de Simone de Beauvoir. Paris sous l'Occupation. Des Allemands en uniforme partout dans la ville. On s'habitue. On ne fréquente plus les théâtres et cinémas: ils ne jouent que des oeuvres de bas niveau. On ne lit plus les journaux: ils sont nazifiés, débitent un lot d'incongruités. Que faire alors sinon badiner ? Certaines stations de métro sont encore fermées. Les rames sillonnent la ville de part et d'autre comme l'express de Lyon. J'ouvre un magazine oublié sur le zinc par le dernier badaud venu siroter un gin fizz. Photos des Dieux du Stade et interview de la photographe. Photos des familles royales européennes. Soirées people à Paris en présence des stars du moment. Choc et retour à la réalité !... Dans ce café, on oublie le temps, on laisse valser les idées et les envies. Je trempe mes lèvres dans le chocolat chaud - un vrai chocolat chaud, fait à partir de chocolat fondu. On découvre un goût de cacao agréable et intense. Ca réchauffe, ça réconforte. 
Aux murs, des croquis, des dessins, des images dont on ne garde pas le souvenir. Je sais qu'ils apaisent, qu'ils dégagent des ondes positives et incitent à rêver, à se laisser aller. Moment peu raisonnable. Discussions surnaturelles. On est lassé. Lassé par les nouvelles accablantes, lassé par tout ce qui rend la vie compliquée, lassé par les gens et les sentiments qu'ils emportent sous leurs manteaux grisâtres. On échange des regards de sympathie, on cherche l'affectation, on trouve la compassion. Le café Parisien. Informel, locker vom Hocker, à la bonne franquette, sans chichis. Tout se joue cartes sur table et à l'amiable. Un Pure Café comme on en trouve rarement.
http://www.cityvox.fr/bars-et-boites_paris/pure-cafe_86814/PhotosLieu?numphoto=117401#photoAnchor