Sur les traces de la panthère rose... Mon imagination s'embrase, incendie de forêt impromptu. Je la guette assis sur mon tabouret de bar, épiant le passage régulier à la caisse de personnes nonchalantes. Il pleuvait rue des Ecoles ce soir à Paris. Pleut-il encore ? Le rouge amoureux des fauteuils de la salle a séché les larmes et bien vite je m'oublie. Palpitations. Nous sommes en 1963. Blake Edwards se cache au fond du cinéma, pétri par l'angoisse du bide. Et si ça ne plaisait pas au public ? Pensait-il à cela lors de la première projection ? Qu'adviendrait-il de lui, de son comique de scène hilarant, de ses angles et prises, de ses histoires alambiquées ? Si le trac s'est effacé, la bobine, elle, est bien là. Let the show begin. La pink panther éteint les lumières, seules les lumières de Paris restent jaunes. Le long du quai près de l'île Saint-Louis, les réverbères sont des lucioles romantiques brûlant par amour de la nuit. Ils s'éteignent à l'aube exténués. Sur les pavés, on devine leur halo alcoolisé battre au rythme de la bruine. Les gouttes s'épanchent le long de leur structure, laissant un sentiment veineux. Les ponts sont des animaux nocturnes. Tandis que la Seine sans cesse en leur pied les chatouille, ils restent cambrés impassibles, craquellent en silence et bêtes sombres dans la nuit claire ils fascinent.
Sensation de déjà-vu ? A l'approche de Saint-Paul ce portail. Je sais qu'une cour admirable s'y dessine au-delà. Je sais qu'une terrasse romaine, un vase, un patio avec des chaises de jardin s'y cachent aussi. Je connais ces rues, je crois savoir qu'elles recèlent de trésors architecturaux, d'une ambiance chaude et reposante. 1963... tout semble être resté intact. Et pendant ce temps, à Cortina d'Ampezzo....
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