Il est des représentations qui ne sont pas enviées. Laissez-vous conter l’histoire du Festival du Poil et vous comprendrez desquelles je veux parler.
Le Festival du Poil est une manifestation impromptue, ponctuelle, se déroulant dans un laps de temps variable mais toujours assez court. Il n’y a pas de lieu d’exposition mieux approprié pour ce festival que la baignoire d’une salle de bain. Claire, émaillée, diamantée ou blanche tout simplement, n’importe quelle baignoire de n’importe quelle taille peut l’accueillir. Il se déroule en quatre étapes propres, au sens de distinct ici, à savoir qu’une cinquième étape annulerait la manifestation. Avant d’éplucher les étapes, intéressons-nous aux conditions nécessaires pour un Festival du Poil réussi.
Un peu comme une recette de cuisine où certains rares ingrédients sont parfois indispensables pour obtenir un goût précis, l’organisation du Festival du Poil requiert, comme son nom l’indique, du Poil ! Un poil de qualité est ici un poil qui se détache facilement de l’épiderme. La couleur est aussi à prendre en considération. On n’a que faire ici d’un poil blond ou châtain. Ce que l’on veut, c’est du poil noir, brun, sombre, épais et d’une voix rauque qui puisse dire : « je suis fier d’être poil ! ». Enfin, tout festival du poil doit son existence au laisser-aller ou au manque de propreté de son propriétaire, à qui nous rendons hommage.
Nous en arrivons aux étapes.
La première étape consiste à allumer la salle de bain, se mettre en tenue adéquate pour la prise d’un bain, à claquer les portes avec violence pour faire la promotion du festival : « Oyez, oyez ! Ce soir a lieu le festival du poil ! Venez nombreux ! ». Bien que courte, cette étape est primordiale.
La deuxième étape consiste à faire couler le bain, à s’insérer dedans, et siffloter.
La troisième étape est ce que tout le monde attend d’un bain : la détente, la relaxation dans un environnement humide, voire plutôt mouillé, et chaud. Cette détente s’accompagne éventuellement d’un lavage au gant de toilette, qui assure une certaine qualité au festival car accompagne le poil dans son détachement. Cette étape se termine promptement par une sortie triomphale et bruyante de l’eau, une ouverture et un claquage authentiques des portes, apportant une sincérité incongrue à l’événement.
La quatrième étape est très brève, car curieusement après la détente, le temps presse : sans élégance aucune, le bouchon de la baignoire est retiré, et l’eau s’écoule avec peine dans le siphon bouché.
Dès lors, la salle de bain est accessible aux visiteurs. L’entrée est gratuite, car comprise dans un forfait mensuel de 300€. Pourquoi donc se priver ? On fonce, on arrive, parfois en avance pour voir l’Amazone se frayer un chemin dans la jungle épaisse et dense. D’autres fois au contraire, on arrive en retard, après deux jours d’absence, et on peut constater alors à quel point le poil prend racine en cette nouvelle terre. Détergents, grattage de baignoire, jet de douche au maximum sont presque vains pour mettre un terme au festival ! C’est après plus de dix minutes de persévérance et de courage que l’on arrivera à déloger ces sans-papiers.
Vous avez sans doute compris ce qu’une cinquième étape aurait pu être. Pour l’instant, elle n’est pas programmée ici. Si vous êtes intéressés par le Festival du Poil, envoyez-moi un mail pour réserver vos places. Dernière représentation en date : samedi 21 octobre 2006, a duré environ une heure. Les représentations dépendent de la météo, a priori au moins une représentation est assurée au cours du week-end.
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mdr
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