Depuis quelques semaines, peut-être parce que je suis plus souvent vers l'opéra, Karlsplatz et son passage, Schwedenplatz et plus généralement dans le U4 pour mes déplacements, je decouvre de plus près le milieu de la drogue viennois. L'histoire de Vienne à la drogue est en fait assez longue, puisque le fléau existe ou du moins est reconnu tacitement depuis les années 60... Le chanteur autrichien Falco, très célèbre dans plusieurs pays bien que peu connu en France, a vécu dans ce milieu et l'a transcris dans ses chansons. Il est mort en 98 d'un accident de voiture en République Dominicaine, après prise de cocaïne et marijuana. Dans les années 90, les toxicomanes étant principalement dans le Resselpark de Karlsplatz, les autorités ont décidé de transformer le parc, de l'éclaircir, ce qui était aussi important du point de vue de la place de jeu du parc, où les enfants de l'école primaire viennent jouer. En conséquence, la plaque tournante de l'échange de drogues (cocaïne et autres drogues dures) s'est déplacée, et semble prendre place sur l'ensemble du réseau du métro U4 de Spittelau à Pilgramgasse...
Plusieurs choses vécues pendant mes trajets et passages dans le coin:
Un type qui me demande "ce que je veux", en ouvrant sa veste, près de Schottenring, quand je rentrais d'une soirée!
Des dealers qui vendent dans le métro, entre Spittelau et Schottenring. Le principe est simple, deux types qui se voient sur le quai a Spittelau montent dans le wagon aux deux bouts différents. A la station suivante, le premier descend. L'autre va à la place du premier et prend la marchandise. A Schottenring, un troisième monte et genre "on se connait": échange d'argent. A Schwedenplatz le deuxième descend.
Un type Schwedenplatz qui fait avec ses mains les dessous de poubelles dans la station du U4, pour y trouver son sachet de poudre blanche.
Un échange plutôt indiscret de cocaïne en roc dans l'Opernpassage. Et il y a sans doute plein d'exemples de ce genre tous les jours...
Les autorités agissent ici à tatons face au problème, par exemple donnent gratuitement des Ersatz aux drogues. Le centre est justement dans l'Opernpassage. La propriété des Ersatz est qu'ils colorisent les lèvres en bleu, à cause d'une substance présente dans le cachet, à l'origine utilisée dans les somnifères. Cela a donc un côté pratique pour le passant, qui détecte à la couleur des lèvres si la personne en face est sous l'emprise de drogues ou non. Et autant dire qu'à certaines périodes de la journée et certains jours, rien ne sert de regarder... sur 10 personnes dans l'Opernpassage, bien 9 sont bizarres et 5 ont les lèvres bleues!... plutôt "craignos" donc entre Opéra, Karlsplatz et Naschmarkt, malgré la présence des gilets oranges "Help-U" qui assurent le dialogue avec ces individus en marge de la société.
Les dessous de Vienne ne sont donc pas seulement ceux filmés par Orson Welles dans the Third Man!... C'est aussi cette économie souterraine et pour le coup vraiment sous terre qui s'opère activement tout autour du centre historique de la ville.