Départ pour ce plat pays depuis la gare du Nord. C'est une ambiance du nord qui règne dans cette gare aux ronds lampadaires. Une gare, ce n'est pas que les trains, l'odeur du fer chaud à l'abord des trains. Une gare... c'est la séparation, ce sont aussi les retrouvailles. Ce sont des pleurs, ce sont aussi des joies. Des larmes de tristesse, des larmes de bonheur. Des souvenirs à jamais marqués dans un esprit muet. Des bouts de nostalgie en plein mois de juillet.
Gare du Nord. Bientôt 20h. Attroupement près du tableau d'affichage. Des départs pour Charleroi, Bruxelles, Anvers, Amsterdam, Londres, Lille, Arras... On parle allemand, français, anglais, néerlandais... On s'embrasse, on se console, on sourit. Atmosphère alanguie d'un dimanche soir d'automne. Sous la verrière, près des lampadaires et du clapotis du vieux tableau d'affichage, on se sent coeur vivant et mélancolique, distrait et réfléchi, nostalgique et apaisé. On vit la gare dans son paradoxe le plus pur. C'est la saudade qui pénètre chaque cellule d'un être solide et pourtant si fragile.
Un train arrive de Bruxelles. Un flot de voyageurs descend sur le large quai, s'approche marée noire déferlante de la plateforme centrale pour s'écumer dans les nombreux couloirs de la gare. C'est la mer à Paris. Il est vingt heures. Dernière marée haute avant le voile de la nuit.