Nous nous levons à 6h45, prenons le petit-déjeuner chez la logeuse et partons peu avant 8h. Nous prenons le chemin du bord du lac en direction de Challapampa. Marcher à 4000m d’altitude ne nous pose pas de problème, tant qu’il n’y a pas de montée. La moindre montée est très rapidement fatigante et nous essouffle.
Peu avant 11h, nous approchons Challapampa. On entend de loin une fanfare. A notre arrivée dans le village, des paysannes andines de peut-être 60 ans nous invitent à danser ! Elles nous font tourner jusqu’au lieu de la fête, en précédant la fanfare. Je suis les figures de danse les plus communes et m’en sors plutôt bien !... A 3800m cependant, on le vit différemment : la gorge s’assèche rapidement et la tête commence à tourner. A la fin de la chanson, il y a une accélération, la dame me fait tourner encore plus vite, puis c’est fini ! Heureusement Ju arrive à la rescousse avec de l’eau, car je ne peux même plus parler ! Puis nous échangeons deux mots avec nos cavalières, « Ustedes son jovenes », vous êtes jeunes, nous disent-elles, « Ustedes tambien » répondons-nous ! Elles nous font un bisou puis nous nous saluons. Nous faisons une deuxième entrée dans le village, et cette fois-ci, tous les locaux qui ont assisté à la scène nous saluent avec le sourire. Nous sommes maintenant connus !...
Nous poursuivons le chemin jusqu’au tambo inca, tout au nord de l’île, où les deux chemins se rejoignent. Nous gambadons dans un labyrinthe construit par les Incas, nous amusons à nous y perdre. Nous voyons aussi des lamas et des moutons. Nous en sommes à 3h de balade.
Le sentier inca longe la crête de l’île. D’en haut, on a une superbe vue sur toute la cordillera real bolivienne, les sommets enneigés, la surface lisse du lac Titicaca. Pas un souffle de travers. Le soleil tape au-dessus de nous, il fait peut-être bien 25°c au soleil. Nous suivons le sentier pendant 2h30 avant de rejoindre Yumani.
La luminosité est différente à cette altitude. On se croirait au ski et pourtant la végétation et le climat nous donnent l’impression d’être sur une île de la Méditerranée comme Porquerolles ou Port-Cros ! Si nous n’avons pas été aussi essoufflés que nous le pensions, d’autres symptômes de l’altitude sont bien présents, comme le sentiment de manque d’air, le besoin de reprendre sa respiration à fond, la gorge ultra-sèche et l’insatiabilité, le nez qui saigne quand je me mouche, les oreilles qui ne sont jamais vraiment débouchées. La nuit, je fais des rêves étranges, un peu fous, mêlant les paysages vus en journée à la science-fiction. Jamais je n’avais rêvé voler tel un super héros au-dessus des toits de Cuzco !
A Yumani, nous récupérons la mochila – notre sac à dos – et rejoignons le port. Le retour nous revient plus cher, sans doute encore une combine pour prendre quelques sous de plus aux touristes. Peu importe, le bateau quitte l’île à 16h et nous arrivons bien fatigués à Copacabana vers 17h30. Nous suivons les conseils du guide Michelin et arrivons finalement dans un hôtel miteux – comme sans doute bon nombre d’hôtels à Copacabana !
Des mouches mortes collées aux murs de la chambre et de la salle de bain, le cuivre des câbles apparent à 50 cm du pommeau de la douche, la chasse d’eau cassée, des mouches encore, cette fois-ci vivantes, volent dans la chambre, une fenêtre qui ne ferme pas et des lits sur lesquels on pourrait presque repasser le linge.
Nous ressortons et avons bien du mal à choisir notre restaurant. Tous proposent tout à manger, ce qui laisse présager de la qualité de la nourriture. Nous prenons un burger « con queso ». Alors que nous sommes en train de manger, des enfants de 6-8 ans entrent dans le restaurant et entament des chansons à la flûte de pan puis chantées. Ils reçoivent quelques bolivianos de toutes les tables.
Une fois à l’hôtel, je m’endors vers 22h après avoir vérifié que les taies d’oreillers n’aient pas de poux ou de puces. Cette nuit a sans doute été la pire du séjour ! Réveillé peu après 1h du matin, j’ai eu une insomnie jusqu’à 4 ou 5h, en entendant chaque heure les cloches de l’horloge à la réception de l’hôtel. La gorge ultra-sèche, les lèvres desséchées, le nez et les oreilles bouchés… Je me rendors épuisé pour quelques heures de sommeil difficiles.