Saturday, October 03, 2009

Tous les hommes sont mortels

Demain, dès l'aube, à l'heure où fleurit la campagne,
Je partirai.

Ce poème des contemplations rappelle à quel point il est bon d'être mortel. C'est aussi le tableau que Simone présente et peaufine dans son livre "tous les hommes sont mortels". Simone, je la tutoie, car nous sommes maintenant intimes, après plus de 500 pages et un petit mois à lire ci et là, parfois dans mon bain, souvent dans le tram, ses lignes qui font frissonner quand elles ne sont pas étouffantes. Imaginez l'immortalité, imaginez naître au beau milieu du Moyen-âge dans la cité de Carmona en Italie, et par les bienfaits d'un elixir de vie vivre une éternelle jeunesse au travers les siècles, voyant sans arrêt se détruire ce qui vient d'être construit, écoutant les mêmes plaintes aux alentours, les mêmes espoirs, une marche infinie vers un bonheur, un paradis, une société idéale située à l'horizon. C'est finalement un supplice! Voir tant de printemps qu'il en devient fade de se promener dans les champs et voir bourgeonner les arbres. Traverser tant de paysages que l'on ne sait plus en apprécier la richesse et la splendeur. Passer par tant d'époques et d'événements, que l'on se rend compte finalement que l'homme poursuit sa recherche du bonheur sans jamais y parvenir. Voir tant de générations que l'on en devient abruti, que l'on en perd son humanité. C'est ce portrait que dresse Simone de Fosca, cet être à part, immortel. Simone, dans une mouvance presque espiègle, va encore plus loin et laisse Fosca narrer son histoire: ce roman se veut autobiographique. Fosca défie la première loi de la Nature. Quand l'Univers ne sera plus, il sera encore. Pourquoi ai-je bu cet elixir de vie? Le vieux mendiant avait raison... et Fosca se déteste.



Alors vient l'automne et je me dis: il est si bon d'être mortel! Voir les feuilles jaunir, rougir ou brunir puis zigzaguer au gré des courants d'air pour aller se poser légèrement sur le sol moite. Comprendre la Terre, l'entendre gronder et gémir... quel bonheur mais aussi quelle tristesse! Jamais heureux ni satisfait, c'est là le plus grand luxe du commun des mortels. Merci, Simone.

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