Tuesday, February 14, 2012

Prenons la Bastille !

Ce soir, c’est Manon qui résonnait dans les murs de la Bastille… Cette grotte musicale géante au toit blanc ondulé comme fait le la ! Ce plateau géant et sombre où meurt presque chaque soir une femme sous les applaudissements du public. Cruel art que l’opéra ? Pourquoi faut-il que les héros soient séparés à tout jamais avant le coup de baguette final ?

La fatalité ce soir, la lourde tragédie de la vie de Manon, on l’a bien peu ressentie ce soir… La mise en scène ? L’histoire se passe à Paris. Sans doute le metteur en scène ne connait pas cette ville, l’atmosphère qu’on lui imagine à l’époque ? On se retrouve dans un univers punk et trash qui ressemble plus à un festival de musique hard rock et métal qu’à une scène parisienne du début du siècle. A côté de ces costumes fantaisistes, on retrouve d’autres costumes très conventionnels. Clash, anachronisme et paradoxe résument bien l’impression avec laquelle le spectateur quitte le lieu. A quoi bon ? La mise en scène de Berlin en 2007 – avec Netrebko et Villazón, disponible sur Youtube – nous fait passer un meilleur moment.

L’opéra, c’est du chant. Le niveau était correct ce soir, bien qu’assez hétérogène: Manon (Marianne Fiset) assure bien la plupart des airs, même si on aimerait la voir encore plus à fond sur “Profitons-bien de la jeunesse” par exemple. Le Chevalier des Grieux (Jean-François Borras) a parfois du mal à tenir la puissance de la note. Le Comte des Grieux (Paul Gay) a une voix très puissante (au troisième rang à droite, on sentait vibrer nos oreilles Sourire)

L’opéra, c’est aussi le jeu d’acteur… et c’est sans doute ce qui a le plus manqué malheureusement à cet opéra, le rendant plutôt tristounet. Les meilleurs passages sont incontestablement ceux où le chœur est sur la scène. C’est là l’avantage principal de cette salle. La scène y est si vaste qu’elle peut accueillir sans problème 20 ou 30 choristes en plus des décors. On a été gâtés à deux reprises. Génial !… Le reste du temps, c’était cependant très allégorique: une évocation par ci par là à l’aide d’un diadème, d’une photo. Un jeu de scène quasi-inexistant. Le liant entre les personnages, la passion qui les anime, n’étaient pas au rendez-vous.

Pourquoi ces choix du metteur en scène ? S’agit-il vraiment de choix ?

On sort de l’opéra content, léger, hésitant ? dubitatif ? A peine rentré chez soi, on passe deux trois vidéos de Manon 2007 à Berlin, avec toutes ces couleurs, le décor avec la Tour Eiffel en arrière-plan, des ballons bleu-blanc-rouge, des vêtements d’endimanchés de la Belle Epoque, et là on entonne en chœur, l’âme réchauffée par la bonne humeur de cet opéra, “profitons-bien de la jeunesse !”…

 

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